Angela Davis et la nécessité d’un féminisme intersectionnel

La reconnaissance (tardive) du droit de vote pour les femmes suisses est un événement historique, qui mérite naturellement d’être célébré à l’occasion de son 50ème anniversaire, mais sans tomber pour autant dans l’illusion qu’il s’agissait de l’aboutissement du chemin vers l’égalité entre hommes et femmes. L’inégalité des salaires et des retraites, la violence domestique, la sous-représentation dans le monde politique et les directions d’entreprises sont autant d’exemples qui montrent que le droit de vote et l’égalité sur le papier ne suffisent pas pour parvenir à une société véritablement égalitaire.

Pendant cette pause hivernale, j’ai lu un roman d’Angela Davis, dont les réflexions écrites dans les années 1980 sont malheureusement toujours d’actualité et cherchent précisément à élargir le discours féministe au-delà de la simple réalisation du suffrage universel. Né en 1944 en Alabama, Davis a vécu quotidiennement la double discrimination d’être afro-américaine et femme. Ces expériences ont fortement influencé sa vision politique: Davis est en effet convaince que le socialisme et le féminisme sont les deux faces d’une même médaille, celle de la lutte contre les privilèges injustifiés des hommes blancs fortunés. En réfléchissant notamment dans le contexte américain, Angela Davis souligne l’importance du facteur ethnique. «Femmes, race et classe» est non seulement le titre d’un de ses romans les plus connus, mais aussi les trois axes sur lesquels se déplace la discrimination: la discrimination fondée sur le sexe, sur l’appartenance à un groupe ethnique et à une certaine classe sociale. Davis montre comment ces axes peuvent se croiser, en expliquant que les problèmes d’une femme blanche de classe moyenne ayant fait des études universitaires ne peuvent pas être identiques à ceux d’un travailleur noir précaire.

D’où, selon Davis, la nécessité d’un féminisme intersectionnel, qui intègre et analyse la multitude de facteurs discriminants qui peuvent se rassembler chez une même personne, tels que le sexe, l’origine ethnique, l’identité sexuelle ou la formation. Chacun de ces facteurs correspond à un axe d’oppression, puisque la relation entre les individus à chaque extrémité de l’axe est caractérisée par la dynamique oppresseur-opprimé. D’un côté, il y a la personne privilégiée, souvent inconsciente de ses atouts et plus ou moins inconsciemment encline à les défendre, parfois avec vigueur. D’autre part, il y a la personne qui compte le moins, qui est discriminée, exclue et plus exposée au risque de subir des violences.

Si nous suivions les différents axes d’oppression du côté des privilégiés, nous rencontrerions un personnage clairement défini : l’homme cis et hétérosexuel, blanc et aisé, adulte, en bonne santé et toute une série de stéréotypes qui le caractérisent. Est-ce donc l’ennemi du féminisme intersectionnel? Non. Notre but, en tant que féministes, n’est en fait pas de soumettre les personnes ayant ces caractéristiques. Notre ennemi est le système lui-même et les axes d’oppression qui mettent cette catégorie de personnes sur un piédestal: nous voulons faire tomber le piédestal, pas l’homme. De plus, comme il n’est pas bon d’être sur ce piédestal, il y a toujours le risque de tomber: pensez à la masculinité et à l’hétérosexualité, vous êtes constamment menacés d’être critiqué si vous ne correspondez pas aux attentes de la société.

La grande leçon du féminisme de la deuxième vague, dont Davis est une représentante reconnue, est la nécessité de comprendre combien il est illusoire de penser à briser les inégalités en sautant sur le piédestal. Nous devons plutôt lutter contre le système patriarcal et capitaliste, en unissant le socialisme et le féminisme dans une seule lutte !

Interlocuteur-trices sur ce thème

Laura Riget

Laura Riget

Collaboratrice personnelle Co-présidence / Secrétariat général

Clément Borgeaud

Clément Borgeaud

Porte-parole & campagnes Suisse latine

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