L’initiative service citoyen, qui sera soumise au vote le 30 novembre, fait face à une opposition dans les milieux féministes. Lors d’une conférence de presse à Berne, des représentantes des Femmes socialistes suisses, de l’Union syndicale suisse (USS) et des Vert·e·s suisses ont expliqué pourquoi cette initiative accentue les inégalités existantes, dévalorise le travail non rémunéré et impose des obligations supplémentaires aux femmes sans créer une véritable égalité.
Les femmes accomplissent déjà aujourd’hui d’innombrables heures de travail non rémunéré, que ce soit dans leur famille, dans les soins ou dans le voisinage. L’initiative service citoyen ne reconnaît pas ce travail, mais en exige encore davantage. « L’initiative méconnaît le fait que la cohésion sociale repose sur le travail bénévole et non rémunéré fourni par des milliers de personnes », déclare Jessica Jaccoud, coprésidente des Femmes socialistes suisses et conseillère nationale. « Au lieu de contraindre les femmes à accomplir davantage de travail obligatoire, nous devrions enfin discuter d’une réduction du temps de travail afin de répartir plus équitablement le travail de care. »
Cyrielle Huguenot, secrétaire centrale chargée de la politique d’égalité au sein de l’USS, met en garde contre les répercussions économiques directes sur les métiers du secteur des soins et de la petite enfance :
« Dans les domaines du soin et de la garde d’enfants, cette initiative risque de favoriser le dumping salarial. Les femmes seraient employées comme main-d’œuvre bon marché, au lieu que l’on investisse dans des salaires justes, une formation de qualité et de bonnes conditions de travail. »
Clarence Chollet, conseillère nationale des Vert·e·s et membre de la CPS-N, relève les dessous de l’initaitive : « On introduit une obligation de servir pour les femmes avec une priorité donnée à l’armée. Or, près de la moitié des militaires femmes ont, selon une étude, été confrontés à des discriminations ou à des violences sexuelles. Les femmes ne devraient pas avoir à subir cela. » Une politique de sécurité féministe mise sur la sécurité sociale et environnementale et la prévention — pas sur la militarisation.
Les intervenantes sont unanimes : l’initiative service citoyen n’est pas un pas vers l’égalité, mais un recul. L’égalité ne se crée pas par de nouvelles obligations, mais par des structures justes.

