Nous sommes plus que jamais nécessaires !

Discours du 1er mai de Mattea Meyer, co-présidente du PS Suisse

Seules les paroles prononcées font foi.

Il y a un an, j’ai passé quelques jours de vacances ici à Bienne avec ma famille. Nous nous sommes promené-es dans la vieille ville et le long du lac. J’étais alors enceinte de notre deuxième enfant qui, aujourd’hui, apprend à connaître le monde. Aujourd’hui, un an plus tard, je dois expliquer à ma fille aînée, âgée de cinq ans, ce qu’est la guerre.

Chères et chers collègues, en tant que jeune femme de gauche engagée, je suis plus que jamais préoccupée par la question de savoir dans quel monde nos enfants vont-ils grandir ? Sera-t-il un monde de guerre et de crises ? Ou bien un monde de paix et de liberté ?

Chaque jour, nous nous engageons de diverses manières pour que la paix et la liberté s’imposent. Nombreuses sont celles et ceux qui offrent un nouveau foyer aux personnes en fuite ou les aident à trouver la paix ici. D’autres essaient d’adopter un comportement respectueux de l’environnement et mettent en place des projets locaux de protection du climat. D’autres encore sont actives dans la grève des femmes et luttent pour un meilleur salaire, du temps, du respect.  

Et pourtant, nous faisons constamment l’expérience de devoir justifier notre engagement : en tant que pacifistes dans un monde en guerre. En tant que féministes convaincues dans un monde d’inégalités. En tant que militant-es pour le climat dans un monde où l’environnement est détruit.

Permettez-moi de montrer, à l’aide de ces trois exemples précis, à quel point il est absurde que nous – et non pas celles et ceux qui sont coresponsables de ces injustices et de ces crises – devions nous expliquer.

Premièrement la crise climatique.

La droite nous qualifie « d’extrémistes » et prétend que nous sommes « déconnecté-es des réalités » lorsque nous demandons avec conviction de ne pas détruire notre planète dans le seul but de faire du profit. Idem lorsque nous demandons de prendre enfin au sérieux les objectifs climatiques plutôt que de les remettre à demain. Ce n’est pas nous ni nos revendications qui sommes radicaux. Ce sont les décennies de dévastation, d’exploitation de la nature et du peuple pour encore plus de profit, qui sont extrêmes.

En réalité, l’extrémiste, c’est de rêver de nouvelles centrales nucléaires alors que l’on ne sait même pas encore comment stocker leurs déchets. Et à vrai dire, être déconnecté des réalités, c’est plutôt de se laisser dicter des lois par le lobby du pétrole et des voitures, simplement parce qu’on gagne de l’argent comme membre d’un conseil d’administration, et d’avoir ensuite le culot de reprocher aux jeunes de ne pas vivre sans la moindre contradiction, en possédant par exemple un téléphone portable. Chères et chers camarades, nous n’acceptons pas que ces personnes continuent de détruire notre avenir pour maximiser leurs profits.

Deuxième exemple : la discussion sur l’AVS. 

La droite nous accuse de ne pas prendre le féminisme et l’égalité au sérieux parce que nous nous opposons à une baisse des rentes. Et les jeunes du camp bourgeois seraient les nouveaux champions de l’égalité ? Laissez-moi rire.

En tant que féministe, justement, il n’y a qu’une seule réponse à la réforme de l’AVS : non. Non, nous ne ferons pas payer nos mères qui se sont démenées toute leur vie, souvent encore sans crèches, mais avec beaucoup de travail non rémunéré ou mal payé. La baisse des rentes est inacceptable. Une femme sur quatre n’a que l’AVS pour vivre. Une sur neuf a besoin des prestations complémentaires directement après avoir atteint l’âge de la retraite. Une retraitée sur deux bénéficie de moins de trois milles francs de rente, et cela en incluant le deuxième pilier.

Et derrière les chiffres de la statistique, c’est la vie de nos mères, de nos tantes, de nos sœurs, de nos amies et de nos voisines qui se joue. Je n’accepte pas que toutes ces femmes se voient une fois de plus refuser le respect pour lequel elles se sont battues toute leur vie. Et ne nous faisons pas d’illusions : si l’on en croit la droite, tout le monde devra travailler plus longtemps à l’avenir. L’âge de la retraite à 65 ans n’est qu’une porte d’entrée vers un âge de la retraite plus élevé pour toutes et tous.

Pas pour tout le monde, bien sûr. Celles et ceux qui peuvent se le permettre continueront de partir plus tôt à la retraite. Les personnes qui travaillent plus longtemps sont celles qui ont des bas salaires et qui ne peuvent pas s’arrêter avant. L’infirmière. Le caissier. Le maçon. L’enseignante divorcée.

C’est avec ces personnes que nous ferons campagne pour le non à la réforme de l’AVS !

Troisièmement, la guerre en Ukraine.

Depuis des semaines, on parle de réarmement, et les demandes de désarmement passent pour naïves. Une chose est pourtant claire : aucun débat sur le F-35, aucun char et aucune augmentation de plusieurs milliards du budget de l’armée suisse ne contribuent en quoi que ce soit à aider les Ukrainiennes et les Ukrainiens dans leur difficile combat pour la vie. La seule chose que ce débat sur le réarmement apporte, ce sont des records pour les cours boursiers des fabricants d’armes.

La Suisse n’est pas une puissance militaire. Mais elle est en revanche une puissance économique. Elle est même l’une des plaques tournantes financières centrales pour l’argent des oligarques russes. 80 % du commerce russe de matières premières passe par la Suisse. Et cette situation est le fruit d’une volonté politique. Détourner le regard pendant des années pour ne pas voir d’où vient l’argent avec lequel on fait des affaires, ce n’est pas être neutre. En finançant des autocrates et leurs fantasmes de réarmement, comme c’est malheureusement le cas de la Suisse, notre pays a longtemps été complice du régime de Poutine. La contribution de la Suisse, c’est ici que nous pouvons l’apporter, en mettant fin à cette posture consistant à dire que l’argent n’a pas d’odeur.

Le « continuer comme si de rien n’était » en matière de destruction de l’environnement ; la lenteur des progrès en matière d’égalité et tous ces conflits qui font des millions de déplacé-Es et d’immenses souffrances : ce n’est pas l’avenir que nous souhaitons pour nous et nos enfants.

Nous nous engageons depuis des décennies, des années ou peut-être seulement depuis hier, parce que c’est précisément ce que nous voulons changer.  Même si c’est souvent la colère au ventre qui nous pousse à agir. Ce qui nous fait avancer, c’est l’espoir que les choses puissent être différentes.

Cet espoir se puise dans tout ce que nos prédécesseuses et prédécesseurs ont accompli. Elles et ils ont obtenu la sortie du nucléaire, ont fait avancer la protection de l’environnement, ont développé les transports publics avec les CFF, ont obtenu le droit de vote des femmes, inscrit l’égalité dans la Constitution, introduit l’AVS, obtenu l’adhésion à l’ONU ou offert un nouveau foyer aux personnes en fuite. Nous avons toujours défendu la paix et le désarmement. Tout cela, chaque petit progrès, est l’œuvre commune de personnes qui se sont levées et ont lutté pour une vie meilleure pour elles-mêmes et pour les autres.

Dans quel monde nos enfants vont-ils grandir ?

Nous faisons de notre mieux, jour après jour, pour qu’il soit plus écologique, plus social, plus pacifique. Un monde dans lequel la destruction de la forêt tropicale n’est pas source de profit, mais est punie par la loi. Un monde dans lequel nous ne dépendrons pas des livraisons de gaz des autocrates, mais où des panneaux solaires fourniront l’énergie dont nous avons besoin. Un monde dans lequel une employée de crèche ne gagne pas moins qu’un stagiaire de l’UBS, mais où ce travail indispensable est enfin mieux valorisé et mieux rémunéré. Un monde dans lequel chacun peut vieillir dans la dignité et vivre de son salaire et de sa retraite. Un monde dans lequel nos filles ont exactement les mêmes libertés que nos fils.

Un monde dans lequel les personnes qui traversent la Méditerranée ne sont pas abandonnées à leur sort, mais sauvées. Un monde où l’on ne menace pas avec des armes nucléaires, mais où l’on désarme enfin. Un monde dans lequel les enfants ne sont pas affamés et ne fuient pas les bombes, mais où l’on peut jouer et rire.

Lorsque je regarde cette assemblée, je suis pleine d’espoir. Nous sommes puissant-es et fort-es lorsque nous nous levons ensemble et que nous nous tenons épaule contre épaule pour la protection du climat, pour l’égalité, pour la dignité humaine, pour la paix.

Merci pour votre courage, votre engagement, votre espoir et votre passion. Nous sommes plus que jamais nécessaires. C’est bien que vous soyez là aujourd’hui !

Interlocuteur-trices sur ce thème

Mattea Meyer

Mattea Meyer

Conseillère nationale ZH, Co-Présidente du PS Suisse

Clément Borgeaud

Clément Borgeaud

Porte-parole & campagnes Suisse latine

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